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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/70

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les mille nuits et une nuit

Hassân, comme il se sentait la poitrine fort rétrécie, il se mit à errer à travers le palais pour se distraire. Mais il avait l’esprit si troublé, qu’il confondit les clefs des chambres, et ouvrit, par mégarde, la porte de l’appartement défendu, où se trouve la terrasse ! Et il lui arriva telle et telle chose ! » Et elle raconta, mais en atténuant la faute de Hassân, toute l’histoire, en ajoutant : « En tout cas, notre frère est excusable, car l’adolescente est belle ! Ah ! si vous saviez, mes sœurs, comme elle est belle ! »

À ce discours de Bouton-de-Rose, ses sœurs lui dirent : « Si elle est aussi belle que tu le dis, commence, avant de nous la montrer, par nous la dépeindra à peu près ! » Bouton-de-Rose dit : « Vous la dépeindre, ya Allah ! qui le pourrait ! Des poils me pousseraient plutôt sur la langue, avant que je puisse vous dire ses charmes, même approximativement. Je veux bien pourtant essayer, ne fût-ce que pour vous empêcher, en la voyant, de tomber sur le dos !

« Bismillah, ô mes sœurs ! gloire à Celui qui a revêtu de splendeur sa nudité de jasmin ! Elle surpasse les gazelles par la beauté de sa nuque et par l’éclat de ses yeux noirs, et l’araka par la sveltesse de sa taille ! Sa chevelure est une nuit d’hiver, épaisse et noire ; sa bouche, imitant la rose, est le sceau même de Soleïmân ; ses dents de jeune ivoire sont un collier de perles, ou des grêlons d’égale grosseur ; son cou est un lingot d’argent ; son ventre a des coins et des recoins, et sa croupe des fossettes et des étages ; son nombril est assez vaste pour contenir une once de musc noir ; ses cuisses sont lourdes et à la fois