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histoire du miroir des vierges
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l’avait appelé et, entre autres choses, lui avait dit : « Et surtout, ô mon fils, n’oublie pas que, si la destinée se tourne un jour contre toi, tu trouveras dans l’Armoire-des-papiers un trésor qui te permettra de faire face à tous les coups du sort ! »

Lorsque Zein se fut rappelé ces paroles, qui s’étaient complètement effacées de sa mémoire, il courut, sans tarder, à l’Armoire-des-papiers et l’ouvrit, en tremblant de joie. Mais il eut beau regarder, fouiller et examiner, en bouleversant les papiers et les registres et en mettant sens dessus dessous les annales du règne, il ne trouva dans cette armoire-là ni or, ni odeur d’or, ni argent, ni odeur d’argent, ni joyaux, ni pierreries, ni quoi que ce fût qui ressemblât de près ou de loin à ces choses-là. Et désespéré au delà de ce que sa poitrine rétrécie pouvait contenir de désespoir, et bien furieux d’avoir été trompé dans son attente, il se mit à tout saccager et à lancer les papiers du règne dans toutes les directions, et à les fouler aux pieds avec rage, quand soudain il sentit résister à sa main dévastatrice un objet dur comme du métal. Et il le retira et, l’ayant regardé, il vit que c’était un pesant coffret en cuivre rouge. Et il se hâta de l’ouvrir ; et il n’y trouva qu’un petit billet plié et cacheté du sceau de son père. Alors, bien que fort dépité, il rompit le cachet et lut sur le papier ces mots tracés par la main même de son père : « Va, ô mon fils, à tel endroit du palais, avec une pioche, et creuse toi-même la terre avec tes mains, en invoquant Allah ! »

Lorsqu’il eut lu ce billet, Zein se dit : « Voilà que maintenant il va falloir que je fasse le travail