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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/145

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histoire du miroir des vierges
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il leva plus de la moitié des carreaux du pavé sans apercevoir la moindre apparence du trésor. Et il quitta l’ouvrage pour se reposer, et, s’adossant contre le mur, il pensa : « Par Allah ! et depuis quand, sultan Zein, te faut-il courir derrière ta destinée et aller à sa recherche jusque dans les profondeurs de la terre, au lieu de l’attendre sans soucis, sans tracas et sans travail ? Ne sais-tu donc que ce qui est passé est passé, et que ce qui est écrit est écrit et devra courir ? » Néanmoins, lorsqu’il se fut un peu reposé, il continua sa besogne, en arrachant les carreaux, sans trop d’espoir, et voici que tout à coup il mit à découvert une pierre blanche qu’il souleva ; et dessous il trouva une porte sur laquelle était attaché un cadenas d’acier. Et il rompit ce cadenas à coups de pioche et ouvrit la porte.

Alors il se vit au haut d’un magnifique escalier de marbre blanc qui descendait vers une large salle carrée toute en porcelaine blanche de Chine et en cristal, et dont les lambris et le plafond et la colonnade étaient en lazulite céleste. Et, dans cette salle, il remarqua quatre estrades de nacre, sur chacune desquelles il y avait dix grandes urnes d’albâtre et de porphyre, alternées. Et il se demanda : « Qui sait ce que contiennent ces belles jarres-là ! Il est bien probable que mon défunt père les a fait remplir d’un vieux vin, qui maintenant doit être aux extrêmes limites de l’excellence ! » Et, pensant ainsi, il monta sur l’une des quatre estrades, s’approcha de l’une des urnes et en ôta le couvercle. Et, ô surprise ! Ô joie ! ô danse ! il vit qu’elle était remplie, jusqu’au bord, de poudre d’or. Et, pour mieux s’en assurer,