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LE DIWÂN DES FACILES FACÉTIES
ET DE LA GAIE SAGESSE


LES BABOUCHES INUSABLES


On raconte qu’il y avait au Caire un droguiste nommé Abou-Cassem Et-Tambouri, qui était fort célèbre pour son avarice. Or, bien qu’Allah lui octroyât la richesse et la prospérité dans ses affaires de vente et d’achat, il vivait et s’habillait comme le plus pauvre des mendiants ; et les vêtements qu’il portait sur lui n’étaient que pièces et morceaux ; et son turban était si vieux et si sale que l’on ne pouvait plus en distinguer la couleur ; mais de tout son habillement ses babouches étaient encore ce qui distinguait sa ladrerie ; car non seulement elles étaient armées de gros clous, et résistantes comme une machine de guerre, avec des semelles plus épaisses que la tête de l’hippopotame, et mille fois raccommodées, mais les empeignes en étaient tellement rapiécetées, que depuis vingt ans que les babouches étaient babouches, les plus habiles savetiers et cor-