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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/26

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les merveilles des pays d’Égypte. Et moi, je retins en moi-même tous ces récits en les cultivant secrètement, et cela jusqu’à ce que mon père fût mort. Alors je pris toutes les richesses que je pus amasser, et beaucoup d’argent, et j’achetai une grande quantité de marchandises en étoffes de Baghdad et de Mossoul, et bien d’autres marchandises de prix et de la plus belle qualité ; et je mis toutes ces choses en paquets et je partis de Baghdad. Et comme Allah avait écrit que je devais arriver sain et sauf à destination, je ne tardai pas à arriver bientôt dans cette ville du Caire, qui est ta ville. »

Puis le jeune homme se mit à pleurer et récita ces strophes :

« Souvent l’aveugle, l’aveugle de naissance, sait éviter la fosse où tombera le clairvoyant, l’homme éclairé.

Souvent l’insensé sait éviter la parole qui, prononcée par le sage, causera la perte du sage et du savant.

Souvent l’homme pieux, le croyant, souffrira de la misère, alors que l’impie, le fou sera dans la félicité.

Aussi ! que l’homme sache bien son impuissance ! Seule la fatalité règne sur le monde. »

Les vers finis, il continua de la sorte son récit :

« J’entrai donc au Caire et j’allai au khân Serour, je défis mes paquets, je déchargeai mes chameaux et je serrai mes marchandises dans le local que je pris soin de louer. Puis je donnai quelque argent à mon serviteur pour qu’il nous achetât de quoi manger ;