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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/155

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histoire de sindbad le marin (4e voyage)
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et sept pains, selon l’usage, et me descendirent au fond du puits. Lorsque je fus arrivé tout au bas, ils me crièrent : « Défais tes liens pour que nous retirions les cordes ! » Mais je ne voulus point me délier, et continuai à tirer dessus pour les décider à me remonter. Alors ils lâchèrent eux-mêmes les cordes en les jetant sur moi, rebouchèrent l’orifice du puits avec les grandes pierres, et s’en allèrent en leur chemin, sans plus écouter mes cris pitoyables…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.

MAIS LORSQUE FUT
LA TROIS CENT QUATRIÈME NUIT

Elle dit : … sans plus écouter mes cris pitoyables.

Bientôt la puanteur de ce lieu souterrain m’obligea à me boucher le nez. Mais cela ne m’empêcha pas, grâce au peu de lumière qui descendait du haut, d’inspecter cette grotte mortuaire, remplie de cadavres anciens et récents. Elle était fort spacieuse et s’étendait si loin que mon regard n’en pouvait sonder la profondeur. Alors je me jetai par terre, en pleurant, et je m’écriai : « Tu mérites bien ton sort, Sindbad à l’âme insatiable ! Et puis, qu’avais-tu donc besoin de prendre femme dans cette ville ? Ah ! que n’as-tu succombé dans la vallée des diamants ! ou que n’as--