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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/103

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EMPREINTES DANS L'EXÉCUTION DES OEUVRES MUSICALES

sur les mouvements des doigts de ceux qui réalisent ces modifications. Ils semblent voir ce qu’ils entendent, et entendre ce qu’ils voient. C’est là une nouvelle ressource qui influera sur leur éducation musicale.

À l’appui de ce fait, il suffit de signaler qu’au début de l’étude, même chez les enfants de six à sept ans, le principe de ces diversifications peut être appliqué avec de bons résultats, soit aux groupes de notes jouées successivement, soit à l’exécution de quartes, de quintes, de sixtes, ou aux accords de trois notes. Grâce à l’habitude de leurs doigts dans ces positions respectives, les rapports des intervalles musicaux restent plus présents à leur pensée. Il y a donc avantage à les familiariser dès les premières leçons avec cette différenciation des contacts qui, comme nous l’avons démontré, rend aussi les doigts plus habiles.

On ignore à quel point la faculté de nous représenter mentalement les mouvements que nous faisons en interprétant une œuvre musicale contribue à notre développement artistique. C’est par cette faculté que nous nous rendons musiciens, parce qu’elle nous permet d’apprendre à penser de plus en plus nettement toutes les notes que nous jouons.

L’étude du piano devra, afin de servir vraiment d’initiation à l’art musical, tendre vers ce but, car apprendre à faire Les mouvements les plus physiologiques, c’est apprendre à penser les notes. En effet, s’assimiler ces mouvements, c’est acquérir une diversification de sensations tactiles qui évoque dans notre pensée la représen-