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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/133

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l’activité tactile en raison du mauvais emploi qu’on en a fait.

Ce fait semble donc expliquer pourquoi certains mouvements donnent un grand essor à la pensée de l’exécutant et pourquoi d’autres la paralysent. La pensée est épanouie lorsque les mouvements sont disposés conformément aux lois du moindre effort ; elle est stérilisée par tous les mouvements mal agencés dans lesquels les impulsions doivent se renouveler sans cesse, parce que les actions réflexes ne sont pas évoquées.

Donc, sans localisation diversifiée, sans mouvements diversifiés, provoquant des réflexes, la conception de l’esthétique ne peut se produire, les fonctions intellectuelles sont stérilisées par le surcroît d’impulsions à communiquer aux organes tactiles. Nous élucidons, grâce à ces tracés, la correspondance intime du mouvement et de la pensée, car ces genres d’interruptions correspondent, dans les groupements des notes, à certaines lois de l’esthétique musicale. Des interruptions qui ne peuvent pas être définies par l’écriture existent d’une façon manifeste dans toute belle exécution : elles peuvent être relativement grandes ou se réduire à des proportions à peine saisissables. Lorsqu’elles sont grandes, on leur applique en allemand la dénomination de « Luftpausen ». Ces solutions de continuité se produisent en quelque sorte d’autant plus fréquemment que l’envolée de l’interprétation est plus grande. Nous citons le terme allemand parce que l’équivalent nous fait défaut en français.

Nous pouvons par la diversification des mouvements