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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/134

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d’attaque de deux doigts employés successivement obtenir ces mêmes phénomènes. Si nous jouons un temps fort avec le quatrième doigt après avoir joué un temps faible avec l’index, en agençant les mouvements par deux glissés consécutifs faits dans la même direction, cette différenciation durera 56 centièmes de seconde ; l’agencement ne prendra que 32 centièmes de seconde si les glissés sont faits en sens inverse.

La durée de l’agencement est réduite à une vingtaine de centièmes de seconde lorsque nous réalisons cette même accentuation deux fois consécutivement.

Cet agencement est du reste très fréquemment utilisé dans l’exécution et indifféremment pour les mouvements glissés ou roulés. La combinaison des attaques de l’étude en la bémol de Chopin, dont nous avons donné les empreintes figure 32, peut s’établir par cette même différenciation des touchers. Et par le fait d’agrandir les contacts en éloignant par deux glissés inverses le pouce de l’index et le quatrième du cinquième doigt, il se produit un rapprochement des contacts entre l’index et le quatrième doigt.

Donc, quoique l’exécutant ne songe qu’à la combinaison d’éloigner les doigts respectivement l’un de l’autre par la différenciation des glissés, le phénomène inverse s’établit non moins nettement : et voilà précisément la puissance de ces procédés : ils éveillent la conscience artistique par la complexité de leurs rapports.

Ces différenciations du toucher nous permettent de tirer vraiment profit de l’affinement de la construction