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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/149

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deux heures par jour, une série de morceaux relativement compliqués (des Préludes faciles de Bach et de Chopin, Chanson napolitaine de Saint-Saëns, Impromptu de Schubert, etc.). Aussitôt qu’elle a commencé à étudier le piano sa mémoire musicale a fonctionné. Le résultat était si immédiat parce qu’elle possédait grâce à son immobilité des représentations mentales des fonctions tactiles qui lui ont permis de réaliser dès le début des mouvements d’une exactitude frappante.

Une autre élève, qui après dix ans d’étude de piano n’avait jamais pu acquérir la moindre mémoire, même celle des mouvements automatiques, est arrivée, dès qu’elle a développé l’immobilité, et par conséquent les représentations mentales de ses mouvements, à former sa mémoire musicale au point de jouer des Préludes et Fugues de Bach-Liszt, des sonates de Beethoven par cœur. Ayant interrompu pendant six mois l’étude de l’immobilité, tout en étudiant par des procédés de touchers diversifiés, sa mémoire, devenue incertaine, a peu à peu considérablement diminué. L’étude de l’immobilité a été reprise ensuite, et sous son influence le bon fonctionnement de la mémoire a été bientôt retrouvé.

Chez les enfants ces alternatives sont très fréquentes, car, par l’exercice de l’immobilité et des mouvements justes, la mémoire musicale se développe très rapidement et invariablement chez tous. Mais aussitôt que les mouvements sont moins corrects, parce que l’immobilité cesse d’être aussi strictement maintenue, la mémoire disparaît plus rapidement encore qu’elle ne s’est formée.