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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/158

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sait mettre à profil ce perfectionnement de l’activité motrice.

L’art de diversifier consciemment ou inconsciemment le plus finement les mouvements est en corrélation étroite avec le perfectionnement des sensations qui exige une dépense d’efforts statiques que le système usuel d’étude du piano est incapable de produire. C’est une fausse recherche de perfectionnement du mécanisme à laquelle on s’attache : la quantité d’heures de travail dépensée dont le résultat ne répond pas à la peine qu’on se donne, en est la preuve irrécusable.

Tant de préjugés sont vaincus à notre époque qu’on est étonné de les voir se conserver dans l’étude d’art. L’effort stérile est en quelque sorte contre nature : dans le mécanisme artistique les rapports de la beauté esthétique et de l’intelligence sont incontestables : car grâce à l’étude intelligente nous pouvons perfectionner l’outil par lequel nous transmettons la beauté esthétique. Nous pouvons dans une certaine mesure rehausser par l’exercice tactile de nos doigts notre activité fonctionnelle, puisque nous augmentons la force statique des doigts par la complexité des mouvements, et réagissons inversement par cette augmentation de la force statique sur la dissociation des mouvements qui communique à nos doigts une agilité vraiment artistique. C’est par l’utilisation de ces deux forces impulsives que la conscience de l’exécution musicale peut être acquise. Aussi tout travail