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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/57

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le mécanisme du toucher

précier certains changements peu apparents auxquels nous n’aurions accordé aucune attention.

Dans les expériences précédentes par exemple, nos sensations tactiles du pouce et de l’index se sont modifiées selon que nous tenions le porte-plume avec ces deux doigts isolément ou avec les cinq doigts réunis.

En s’habituant un peu, par l’exercice, à discerner ces différences minimes, nous pouvons reconnaître nettement : I, les changements des sensations évoqués dans le pouce et l’index lorsque le troisième doigt prend part à l’action ; II, les modifications des sensations évoquées dans ces trois doigts lorsque le quatrième doigt prend part à l’action ; III, les changements respectifs évoqués dans les quatre doigts lorsque le cinquième prend part à l’action.

Ces manifestations sont intéressantes parce que non seulement notre écriture est formée de tracés dont l’amplitude grandit ou diminue en raison du rapetissement ou de l’agrandissement des fractions qui la composent, mais tous ces mouvements subissent ces mêmes oscillations. La force initiale par laquelle les tracés modifient les dimensions de nos lettres, modifie aussi le caractère de nos pensées.

Dans l’étude d’art la conscience et la beauté sont inséparables : l’inconscience et la laideur sont aussi inséparables. Ces problèmes sont encore si peu étudiés que le véritable facteur de la production artistique semble résider uniquement dans la conscience intuitive de l’artiste. Il importe avant tout de prouver que nous sommes