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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/58

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le mécanisme du toucher

à même de perfectionner le caractère initial des mouvements au point de former cette conscience intuitive ; c’est seulement en raison de ce fait que nons pouvons créer un progrès.

Le plus ou moins de valeur des mouvements artistiques se ramène à certaines différences initiales, et c’est à la transformation de ces causes premières que le progrès est dû. Toute action qui ne dérive pas de cette transformation initiale n’est pas un progrès, c’est un dressage artificiel, un perfectionnement imaginaire. Celui qui a acquis un certain savoir sans acquérir la faculté de penser n’a fait qu’accumuler des zéros auxquels il manque un premier chiffre. Quelque effort que nous avons fait pour atteindre cette possession factice, le savoir qui ne féconde pas notre pensée ne nous appartient pas.

Si tant d’exécutants jouent du piano avec une sensibilité obtuse, c’est qu’au lieu de perfectionner leur toucher, ils l’ont atrophié à force d’employer leur appareil tactile sans connaître ses aptitudes multiples. Ils se servent de l’outil le plus merveilleusement agencé sans utiliser aucune de ses fonctions vraiment caractéristiques et puissantes.

Comme nous l’avons dit, pour l’exécution des mêmes intervalles, les sensations tactiles varient d’une façon étonnante par la localisation des contacts, et par le caractère du groupement des doigts. Ce fait se trouve en quelque sorte confirmé par le phénomène suivant que nous avons été à même d’observer. Si nous maintenons un carré aux quatre angles par quatre doigts, il nous est impossible de reconstituer, par nos représentations