CHAPITRE IX
EIGHTH STREET, NEW-YORK. — L’OISEAU ET LES MALLES. — LE POISSON ET LES LUNETTES. — L’ORDRE AMÉRICAIN. — SCANDALE HEARST
Août. Margaret propose que, par économie, nous allions
vivre chez elle. Il me faut retomber dans une rue et
laisser mes regrets sur ma tour. Après trois jours de démarches
elle trouve de quoi payer l’hôtel Nobleton. Nous partons
dans un camion sous la pluie, avec mes malles de théâtre
et un petit moineau dans une immense volière — cadeau
encombrant donné par Allen et qu’il juge un porte-bonheur.
Le camion pas assez vaste, on construisit avec les bagages
un mausolée. On allait hisser au sommet l’énorme cage quand
Allen intervint impérieusement :
« — Impossible !… l’oiseau serait trempé… mieux vaut sacrifier une malle que d’exposer l’oiseau… »
Mais Monique a l’idée de sacrifier le dîner et de prendre un taxi avec l’oiseau… On hèle un chauffeur… la cage est trop large pour la portière, le chauffeur refuse d’ouvrir son auto, le camionneur exaspéré nous dépose sur le trottoir et s’en va. Margaret et moi nous réfugions sous un porche. Allen s’exalte :
« — Qu’importe l’orage ! pourvu que l’oiseau soit confortable. Appelons un autre chauffeur qui ouvrira son taxi. »