— À moins que… fit une voix.
— À moins que… qu’est-ce que tu veux dire, toi ? interrogea le fermier. Tu as une idée ? Donne-la donc… Quoi ? »
Mais il s’interrompit brusquement, assailli d’un doute, et il y eut un instant de silence. Une même pensée s’imposait à tous les paysans. Le passage de l’étranger à Héberville, la panne de son automobile, sa manière de questionner les gens à l’auberge, et de se faire conduire dans le domaine, tout cela n’était-ce pas un coup préparé d’avance, un truc de cambrioleur qui connaît l’histoire par les journaux, et qui vient sur place tenter la bonne affaire ?…
« Rudement fort, prononça l’aubergiste. Il aura pris l’argent dans la poche du père Traînard, sous nos yeux, en le fouillant.
— Impossible, balbutia maître Goussot… on l’aurait vu sortir par là… du côté de la maison… Or il se promène dans le verger. »
La mère Goussot, toute défaillante, risqua :
« La petite porte du fond… là-bas ?…
— La clef ne me quitte point.
— Mais tu la lui as fait voir.
— Oui, mais je l’ai reprise… Tiens, la voilà. »
Il mit la main dans sa poche et poussa un cri.
« Ah ! cré bon Dieu, elle n’y est pas… il me l’a barbotée…
Aussitôt, il s’élança, suivi, escorté de ses fils et de plusieurs paysans.
À moitié chemin on perçut le ronflement d’une automobile, sans aucun doute celle de l’inconnu, qui avait donné ses instructions à son chauffeur pour qu’il l’attendît à cette issue lointaine.