Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/82

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Dieu que je suis fatigué ! et surtout comme j’ai faim ! »

En hâte le caporal lui tendit son pain de munition qu’il mordit à pleines dents, et s’étant assis, il prononça :

« Vous m’excuserez. Le rapide de Marseille a déraillé entre Dijon et Laroche. Il y a une douzaine de morts, et des blessés que j’ai dû secourir. Alors, dans le fourgon des bagages, j’ai trouvé cette motocyclette… Maître Valandier, vous aurez l’obligeance de la faire remettre à qui de droit. L’étiquette est encore attachée au guidon. Ah ! te voici de retour, gamin. L’auto est là ? Au coin de la rue Raynouard ? À merveille. »

Il consulta sa montre.

« Eh ! Eh ! pas de temps à perdre. »

Je le regardais avec une curiosité ardente. Mais quelle devait être l’émotion des héritiers d’Ernemont ! Certes, ils n’avaient pas, dans le capitaine Janniot, la foi que j’avais en Lupin. Cependant leurs figures étaient blêmes et crispées.

Lentement le capitaine Janniot se dirigea vers la gauche et s’approcha du cadran solaire. Le piédestal en était formé par un homme au torse puissant, qui portait, sur les épaules, une table de marbre dont le temps avait tellement usé la surface qu’on distinguait à peine les lignes des heures gravées. Au-dessus un Amour, aux ailes déployées, tenait une longue flèche qui servait d’aiguille.

Le capitaine resta penché environ une minute, les yeux attentifs.

Puis il demanda :

« Un couteau, s’il vous plaît ? »

Deux heures sonnèrent quelque part. À cet instant précis, sur le cadran illuminé de soleil,