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Il habite aujourd’hui le village de Saint-Maclou, parmi les vallons gracieux qui descendent vers les rives de l’Oise. Qui ne connaît sa très modeste maison, teintée de rose, ornée de volets verts, entourée d’un jardin aux fleurs éclatantes ? Le dimanche, on s’y rend en partie de plaisir, dans l’espérance de voir à travers la haie de sureaux, ou de rencontrer sur la place du village, celui qui fut Arsène Lupin.

Il est là, la figure toujours jeune, l’allure d’un adolescent. Et Florence est là aussi avec sa taille harmonieuse, avec l’auréole de ses cheveux blonds et son visage heureux, que n’effleure même plus l’ombre d’un mauvais souvenir.

Parfois, des visiteurs viennent frapper à la petite barrière de bois. Ce sont des infortunés qui implorent le secours du maître. Ce sont des opprimés, des victimes, des faibles qui ont succombé, des exaltés que leurs passions ont perdus. À tous ceux-là don Luis est pitoyable. Il leur prête son attention clairvoyante, l’aide de ses conseils, son expérience, sa force, son temps même au besoin.

Et souvent aussi c’est un émissaire de la Préfecture, ou bien quelque subalterne de la police qui vient soumettre une affaire embarrassante. Et là encore, don Luis prodigue les ressources inépuisables de son esprit.

En dehors de cela, en dehors de ses vieux livres de morale et de philosophie qu’il a retrouvés avec tant de plaisir, il cultive son jardin. Ses fleurs le passionnent. Il en est fier. On n’a pas oublié le succès obtenu, à l’exposition d’horticulture, par le triple œillet alterné de rouge et de jaune qu’il présenta sous le nom d’ « œillet d’Arsène ».

Mais son effort vise de grandes fleurs qui fleurissent en été. En juillet et en août, les deux tiers de son jardin, toutes les plates-bandes de son potager, en sont rem-