Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/228

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des êtres chers. Lui personnellement était si peu sensible aux jouissances de la vie bourgeoise : un repas par jour, quelques livres et dix sous de tabac, c’était assez. Mais après la mort de son père il recueillit sa mère, ses sœurs, son frère dont la mauvaise administration avait parfait la ruine commune. Il connut l’ennui des démarches nécessaires à placer ses neveux et adopta sa nièce.

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Mars-avril 1848. — Les élections à la Constituante sont prochaines et il importe d’assurer une représentation sincèrement et profondément républicaine. Paris donnera l’exemple du civisme, mais la province ne laisse pas d’inquiéter. On éprouve alors comme matériellement l’éloignement dans lequel le système d’excessive centralisation tient la province. — Il ne faut pas que la province, — la majorité ! — abolisse au moment critique l’œuvre péniblement élaborée de la capitale, compromette à jamais l’avenir de la République. Le Club des Clubs à cet effet concentre deux cents des innombrables clubs parisiens ; les forces se groupent et se scrutent ; il est urgent de choisir parmi les clubs des délégués qui iront, forts et fiers de la foi républicaine échauffée et purifiée au foyer intellectuel, instruire, éclairer la Province. Les clubs ont été les conciles démocratiques où les discussions théoriques, poursuivies en commun, trempaient et confirmaient les lois. Ils ont fait leur œuvre. Le moment est venu où les individualités éparses aux