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PRÉFACE


Où l’on expose l’excellence du sacrifice de la Messe, l’origine des Prières et des Cérémonies qui l’accompagnent ; comment ces Prières sont venues entre les mains du peuple ; la nécessité de les expliquer ; la difficulté de découvrir le sens et les raisons des Cérémonies augmentée par les prétendus Mystiques et par les prétendus Littéraux ; ce qu’il faut observer pour éviter les extrémités vicieuses, et enfin le dessein de cet Ouvrage.




Excellence du Sacrifice.



Il n’y a rien de plus grand dans la Religion, que le Sacrifice de la Messe. Les autres Sacremens[1], et presque tous les offices, et toutes les cérémonies de l’Église, ne sont que des moyens ou des préparations pour le célébrer, ou pour y participer dignement. Jésus-Christ s’y offre pour nous à son Père. Il y renouvelle tous les jours, comme Prêtre éternel, l’oblation qu’il a faite une fois sur la croix, et il s’y donne à manger aux Fidèles, qui trouvent ainsi à l’Autel la consommation de la vie spirituelle, puisqu’ils s’y nourrissent de Dieu même.

On peut dire que le Sacrifice de la Messe change nos églises en un ciel. Le divin Agneau y est immolé et adoré, comme saint Jean nous le représente[2] au milieu du sanctuaire céleste. Les Esprits bienheureux, instruits de ce qui s’opère sur nos autels, viennent y assister avec le tremblement qu’inspire le plus grand respect. Saint Chrysostôme, après d’autres anciens Pères, en a rapporté[3] des faits très-autorisés, et cette vérité de la présence des Anges a toujours été si connue, que saint Grégoire-le-Grand ne fait pas difficulté de dire[4] : Quel est le fidèle qui peut douter qu’à la voix du Prêtre, à l’heure même de l’immolation, le ciel ne s’ouvre, les Chœurs des Anges n’assis-

  1. Per sanctificationes omnium Sacramentorum fit præparatio ad suscipiendam Eucharistiam. S. Thom. 3. p. q. 73. a. 3.
  2. Apoc. vii. 17.
  3. Chrysost. de Sacerd. t. 6. c. 4. homil. de incompreh. Dei nat.
  4. Quis enim fidelium habere dubium possit, in ipsa immolationis hora, ad Sacerdotis vocem cœlos aperiri, in illo Jesu-Christi mysterio Angelorum Choros ad esse, summis ima sociari, terrena cœlestibus jungi, unumque ex visibilibus atque invisibilibus fieri. S. Greg. Dial. t. 4. c. 58.