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tent au Mystère de Jésus-Christ, et que les créatures célestes et terrestres, visibles et invisibles ne se réunissent dans ce moment ?

Nous ne faisons en effet dans nos temples que ce que les Saints font continuellement dans le ciel. Nous adorons ici la Victime sainte immolée entre les mains des Prêtres, et tous les Saints adorent dans le ciel cette même Victime, l’Agneau sans tache, représenté debout, mais comme égorgé[1], pour marquer son immolation et sa vie glorieuse. Toutes les prières et tous les mérites des Saints s’élèvent comme un doux parfum devant le trône de Dieu : ce que saint Jean a exprimé[2] par l’encensoir qu’un Ange tient à la main, et par l’Autel d’où les prières des Saints s’élèvent devant Dieu. L’Église de la terre offre de même à l’autel de l’encens à Dieu, comme un signe des adorations et des prières de tous les Saints qui sont ici-bas, ou dans la gloire. Tous l’adorent unanimement dans le ciel et sur la terre, parce que nous avons alors sur l’Autel d’ici-bas ce qui est sur le trône céleste.

Origine des prières et des cérémonies qui accompagnent le sacrifice.

Ce qu’il y a d’essentiel dans les prières et dans les cérémonies de la Messe nous vient de Jésus-Christ. Les Apôtres et les hommes apostoliques y ont joint ce qui convenait aux temps des persécutions de la part des Juifs et des Gentils, au culte desquels il aurait été dangereux alors que le nôtre eût eu quelque ressemblance. Le Rit ne fut point fixé : il ne devait prendre extérieurement une nouvelle forme, que lorsque la Religion chrétienne devenant celle des Empereurs, et la plus éclatante de la terre, on n’aurait plus à craindre les impressions que faisaient sur les nouveaux Chrétiens les rites du Judaïsme ou de la Gentilité. Jusqu’alors il n’y avait que fort peu d’usages ou de cérémonies, mais qu’on devait observer comme une loi, ainsi que saint Paul l’avait recommandé[3]. Saint Justin, peu de temps après les Apôtres[4], nous fait entendre[5] qu’il y avait des prières qui étaient plus ou moins longues, selon la dévotion des Prêt-

  1. Agnum stantem quasi occisum. Ap. v. 6.
  2. Data sunt illi incensa multa, ut daret de orationibus Sanctorum omnium super altare aureum, quod est ante thronum Dei, et ascendit fumus incensorum de manu Angeli coram Deo. Apoc. viii, 3. 4.
  3. Omnia… secundum ordinem fiant, i. Cor, xiv. 40.
  4. An. 140.
  5. Apolog. 2.