Page:Lebrun - Explication littérale historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe - Tome 1 (1843).djvu/28

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Ce que c’est que le sens littéral.

Le vrai sens littéral et historique d’un écrit ou d’une cérémonie est celui que l’auteur ou l’instituteur a eu en vue, et c’est souvent un sens figuré, de symbole et de mystère. Si l’on considérait d’une manière grossière et matérielle le sceptre des rois, la crosse des évêques et des abbés, on dirait qu’on les leur donne pour s’appuyer en marchant, parce que c’est là l’usage le plus ordinaire des bâtons[1], et qu’en effet les évêques et les abbés se sont anciennement servis de bâtons dans leurs voyages. Mais comme on cherche ici la raison qui a fait établir la cérémonie du bâton pastoral, on s’éloignerait du vrai sens de l’Église, si l’on donnait pour raison d’institution l’usage ordinaire de s’appuyer en marchant ; parce que le sceptre et la crosse sont également donnés aux jeunes et aux vieux pour s’en servir seulement dans les actions d’éclat et de cérémonie. La signification propre et historique du sceptre est d’être le symbole de la puissance du Roi dans tous ses États, comme le bâton pastoral est donné par l’Église aux évêques et aux abbés, pour marquer leur autorité[2] dans leur diocèses et dans leurs monastères, et que comme pasteurs ils ont la houlette pour protéger leur troupeau, et châtier ceux qui en troubleraient la paix et le bon ordre. L’Église même dans ses Pontificaux nous apprend ces sens symboliques.

Mauvais principe des actions tiré du son des paroles.

Si la fausse origine de l’usage des cierges en plein jour, et le sens propre et littéral mal entendu, on fait égarer M. de Vert, il n’a pas été plus heureux dans le principe qu’il a voulu se faire pour trouver des causes physiques des actions du Prêtre et des assistans, qui sont ordinairement jointes à des paroles. Il aurait pu attribuer ces ac-

  1. Le Sceptre a été souvent un assez long bâton. Celui de Charlemagne avait sept pieds de hauteur, au rapport d’Eginhard ; et le moine de saint Gall dit que Charlemagne se plaignit de ce qu’un évêque, qu’il avait laissé auprès de la Reine, voulut se servir de ce Sceptre au lieu de bâton pastoral : Sceptrum nostrum, quod pro significatione regiminis nostri, aureum ferre solemus, pro pastorali baculo, nobis ignorantibus, sibi vindicare voluisset. L. i c. 19.
  2. Saint Isidore de Séville, vers l’an 600, parle ainsi du bâton donné aux évêques à leur sacre : Huic autem, dum consecratur, datur bacutus, ut ejus indicio subditam plebem vel regat, vel corrigat, vel infirmitates infirmorum sustineat. Isid. de Eccl. Offic. t. 2. c. 5.