Page:Lebrun - Explication littérale historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe - Tome 1 (1843).djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions aux mouvemens que les sentimens d’une piété vive et éclairée font produire ; cela aurait été du moral et du mystique, et ce n’était pas son dessein : il a donc fallu chercher des mots dont le son seul fût la cause physique de ces actions.

Il s’y est appliqué au premier tome. Tout le second volume, divisé seulement en deux chapitres, roule sur de pareilles tentatives. Il y entasse confusément les pratiques saintes et respectables de l’Église avec des usages qui sont peu connus, introduits sans raison, et qui devraient être abolis. Il nous apprend qu’à Abbeville, et[1] en deux autres endroits, les chantres font les effrayés lorsqu’ils chantent robustos Moab obtinuit tremor[2], et qu’à Péronne le chantre, au jour de Noël, à l’occasion de l’Antienne De fructu, présente des fruits dans un bassin au Doyen et au sous-chantre. Les pratiques communes de l’Église ne sont pas susceptibles d’un tel sens : mais M. de Vert n’a pas craint de les attribuer à ses prétendues causes physiques.

Si l’on se met à genoux à ces mots du Credo : Et incarnatus est, c’est qu’on vient de dire un peu plus haut descendit. Il est aisé d’apercevoir, dit M. de Vert[3], que cette cérémonie n’est que l’effet de l’impression du son et de la lettre du mot descendit ; car c’est en quelque sorte descendre que de s’agenouiller. Et si dans plusieurs églises on se tient à genoux jusqu’à ce qu’on ait dit sepultus, ne pensez pas que cela vienne de ce qu’on veut adorer dans cette posture l’abaissement volontaire et les humiliations du Verbe incarné ; non, c’est qu’on attend un mot qui détermine à se relever, et ce mot est resurrexit : car, ajoute-t-il en note, resurgere signifie dans le sens propre se relever, se redresser. Quel autre que M. de Vert aurait jamais pu deviner que ce mot descendit prononcé dans une autre occasion, était la cause de l’onction et de la consécration des mains des évêques : À ces autres paroles, dit-il[4], employées pareillement dans la même cérémonie, Unguentum in capite, quod descendit in barbam, barbam Aaron, quod descendit in oram vestimenti ejus ; on lui oint les mains, apparemment à cause du mot descendit, qui aura déterminé à faire descendre en effet, et découler aussi sur les mains l’huile d’abord répandue sur la tête.

  1. Tom. 2. p. 3 et 11.
  2. Le Jeudi au Cantique de Laudes
  3. Tom. 1. 2. édit. p. 164.
  4. Tom. 1. 2. édit. p. 58 et 169.