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nouveau projet de mariage

et vous en avez besoin, comme les autres, et pour vous tirer des occasions du péché et pour subvenir aux nécessités de la vie. Ce n’est pas que nous ne nous fassions un plaisir, votre beau-frère et moi, de vous les fournir comme nous l’avons fait jusqu’ici ; mais vous savez qu’il est déjà sur l’âge et que nous sommes chargés d’une grande famille. Que si, par malheur, nous venions à vous manquer, où auriez-vous recours ? Croyez-moi, ma sœur, mettez-vous au plutôt à couvert des malheurs qui suivent la pauvreté et pour l’âme et pour le corps, et pensez sérieusement à les prévenir, pendant que vous le pouvez faire si aisément et avec tant d’avantage pour vous et pour toute votre famille qui le désire.

À cette déclaration de sa sœur, déclaration aussi pénible qu’inattendue, la bonne Catherine fut tout abasourdie : encore une incitation au mariage, et non plus cette fois au pays des infidèles, mais dans la sainte mission du Sault Saint-Louis, et de la part d’une pieuse chrétienne ! Où fallait-il donc fuir pour échapper à ces assauts périodiques ?

Elle se ressaisit vite cependant. Par respect pour sa sœur, elle dissimula d’abord la peine qu’elle éprouvait ; puis, sans s’émouvoir, avec beaucoup de prudence et d’esprit, elle la remercia de ses bons conseils, ajoutant qu’ils