Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/175

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qui s’évanouit sur les ailes du sommeil, s’échappant des mains qui la poursuivent ! — Telles étaient les douleurs assises au foyer, dans la demeure, et de plus grandes encore. De tous côtés, chaque demeure est dans l’affliction, à cause de ceux qui ont quitté aussi la terre de Hellas. De nombreux regrets ont pénétré notre cœur. Chacun sait bien ceux qu’il a envoyés, mais les urnes et les cendres reviennent seules dans la demeure, et non plus les vivants !

Strophe III.

Arès, qui échange les cadavres contre de l’or, et qui tient la balance des lances dans le combat, ne renvoie d’Ilios aux parents que de misérables restes consumés par le feu, et des urnes pleines de cendres au lieu d’hommes. Les uns pleurent et louent un guerrier habile au combat. Cet autre est tombé avec gloire dans la mêlée pour une femme qui lui était étrangère. Ainsi, chacun, tout bas, murmure irrité, et une douleur haineuse s’élève sourdement contre les princes Atréides. D’autres ont leurs tombeaux autour des murailles d’Ilios, et la terre ennemie les tient ensevelis.

Antistrophe III.

La haine des citoyens irrités est terrible, et la malédiction publique se fait payer. J’ai l’inquiétude de quelque malheur caché dans l’ombre. Les Dieux veillent d’un œil actif ceux qui ont commis de nombreux meurtres. Les noires Érinnyes changent la fortune d’un homme injustement heureux ; elles le plongent dans les ténèbres, et il disparaît. Il est terrible d’être trop loué et envié, car la foudre jaillit des yeux de Zeus. J’aime mieux une féli-