Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/176

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cité qui n’est point enviée. Que je ne sois ni preneur de villes, ni soumis au joug de la servitude !

Épôde.

Une rumeur rapide a répandu dans toute la Ville l’heureuse nouvelle apportée par le feu. Est-ce vrai ? Est-ce un mensonge envoyé par les Dieux ? Qui sait ? Qui peut être assez enfant, ou assez stupide, pour allumer son esprit à ce signal de la flamme, et pour gémir ensuite, la nouvelle démentie ? Il convient à une femme, avant toute certitude, de se répandre en actions de grâces sur un événement heureux. L’esprit de la femme est prompt à tout croire, mais la victoire qu’elle annonce se dissipe promptement.

Klytaimnestra.

Nous saurons bientôt si ces transmissions de torches, de feux et de signaux porte-lumière ont dit vrai, ou si cette heureuse clarté, pareille à celle des songes, a trompé mon esprit. Je vois venir du rivage un héraut couronné de rameaux d’olivier. Cette poussière, sœur altérée de la boue, m’en est témoin. Ce message ne sera plus muet et ne te sera plus apporté seulement par des feux alimentés de branches des montagnes et par la fumée du bûcher. Ses paroles nous donneront une plus grande joie. Je maudirais toute autre nouvelle. Puisse-t-il nous en porter d’aussi heureuses que celles des feux apparus !