Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/112

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Mon lâche cœur est plein d’amertume et d’effroi.
Tu l’as dit, de ce cœur profonde est la blessure,
Et les dieux de ma honte ont comblé la mesure.
Je l’avoue, — et mon front en rougit, tu le vois !
Mon oreille a gardé le doux son de sa voix ;
De sa jeune fierté l’irrésistible grâce
À mes regards encore en songe se retrace...
Je l’aime ! — Éros ! voilà de tes funestes jeux !
Dis-moi que mon époux est sage et courageux,
Vieillard, et que sans doute, en mon âme abusée,
D’injustes dieux ont mis cette image insensée.
Dis-moi qu’Atride m’aime et qu’en ce dur moment
Il brave la tempête et le flot écumant ;
Qu’il m’a commis l’honneur de sa vie héroïque,
Que je l’aime !... Ô douleur ! ô race fatidique
D’Atrée ! ô noir destin, et déplorable jour.