Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/281

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Enfin sa voix résonne et s’exhale en ces mots,
Comme le vent sonore émeut les noirs rameaux.


II


— Oui ! j’ai vécu longtemps sur le sein de Cybèle…
Dans ma jeune saison que la terre était belle !
Les grandes eaux naguère avaient de leurs limon
Reverdi dans l’Éther les pics altiers des monts.
Du sein des flots féconds les humides vallées,
De nacre et de corail et de fleurs étoilées,
Sortaient, telles qu’aux yeux avides des humains,
De beaux corps ruisselants du frais baiser des bains,
Et fumaient au soleil comme des urnes pleines
De parfums d’Ionie aux divines haleines !
Les cieux étaient plus grands ! D’un souffle généreux