Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/300

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J’irritai dans sa gloire une race indomptable.
L’insensée ignorait que le fer ni l’airain
Ne pouvaient entamer mon corps pur et serein
Semblable, sous sa forme apparente, à l’essence
Des impalpables dieux. Ma céleste naissance,
Le sentiment profond de ma force, ou plutôt
L’inexorable Arès qui m’enflammait d’en haut,
Excitant mon courage à la lutte guerrière,
Rougit d’un sang mortel ma flèche meurtrière.
Que de héros anciens dignes de mes regrets,
Sur la rive des mers, dans l’ombre des forêts,
Race hardie, en proie à ma fureur première,
J’arrachai, fils d’Œagre, à la douce lumière !
Peut-être que, vengeant le divin Pélasgos,
J’allais d’un peuple entier déshériter Argos,
Si la grande Athéné, déesse tutélaire,