Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

N’eût brisé le torrent d’une aveugle colère.
J’ensevelis les morts que j’avais immolés ;
J’honorai leur courage et leurs mânes troublés ;
Et la Paix souriante, aux mains toujours fleuries
Apaisa pour jamais nos âmes aguerries.

Mais, à peine échappée aux combats dévorants,
La Terre tressaillit sous des efforts plus grands ;
Et, comme aux jours anciens où tomba Prométhée,
L’Éther devint semblable à la mer agitée.
Les astres vacillaient dans l’écume des cieux…
Et la nue au flanc d’or, voile mystérieux,
En des lambeaux de feu déchirée et flottante,
Montrait des pâles dieux la foule palpitante !
La clameur des mortels roulait, les flots grondaient
Et d’eux-mêmes, au loin, en sanglots s’épandaient,