Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/309

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Vous rampez ! — Faibles dieux, vous n’êtes plus les miens !
Comme toi, blond Phœbos, qu’honore Lycorée,
Je darde un trait aigu d’une main assurée :
Python eût succombé sous mes coups affermis !
J’ai devancé ta course, ô légère Artémis !
Comme vous immortel, ma force me protège ;
Les dieux des bois souvent ont formé mon cortège ;
J’ai porté des lions dans mes bras étouffants
Et mon père Saturne est votre aïeul, enfants !
Ô Zeus ! les noirs géants ont balancé ta gloire…
C’est aux dieux inconnus qu’appartient la victoire ;
Et mon culte, trop fier pour tes autels troublés,
Veut monter vers ceux-ci, de la crainte isolés,
Qui n’ont point combattu ; qui, baignés de lumière,
Dans le sein de la force éternelle et première
Règnent, calmes, heureux, immobiles, sans nom !