Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/400

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Les Muses, à pas lents, mendiantes divines,
S’en vont par les cités en proie au rire amer.
Ah ! c’est assez saigner sous le bandeau d’épines,
Et pousser un sanglot sans fin comme la mer.

Oui ! le mal éternel est dans sa plénitude !
L’air du siècle est mauvais aux esprits ulcérés.
Salut, oubli du monde et de la multitude ;
Reprends-nous, ô Nature, entre tes bras sacrés !

Dans ta chlamyde d’or, aube mystérieuse,
Éveille un chant d’amour au fond des bois épais ;
Déroule encor, Soleil, ta robe glorieuse !
Montagne, ouvre ton sein plein d’arome et de paix !