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Mais sur la verte mousse accoudé dès l’aurore,
J’exhale un chant sacré de mon roseau sonore.
Les tranquilles forêts protègent mon repos,
Et les riches pasteurs aux superbes troupeaux,
Voyant que, pour dorer ma pauvreté bénie,
Les dieux justes et bons m’ont donné le génie,
M’offrent en souriant, pour prix de mes leçons,
Les pesantes brebis et leurs beaux nourrissons.
Viens partager ma gloire, elle est douce et sereine.
Sous les halliers touffus, pour saluer leur reine,
Mes grands bœufs phocéens de plaisir mugiront.
De la rose des bois je ceindrai ton beau front.
Ils sont à toi, les fruits de mes vertes corbeilles,
Mes oiseaux familiers, mes coupes, mes abeilles,
Mes chansons, et ma vie ! Ô belle Thyoné,
Viens ! et je bénirai le destin fortuné