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L’aigle a-t-il délaissé le faite de la tour ?
Répondez, mes enfants, avez-vous vu le jour ?


LES RUNOÏAS.



Vieillard de Karjala, la nuit est noire encore,
Et le cap nébuleux n’a point revu l’aurore.


LE RUNOÏA.



Il vient ! il a franchi l’épaisseur de nos bois ;
Le fleuve aux glaçons bleus fond et chante à sa voix ;
Les grands loups de Pohja, gémissant de tendresse,
Ont clos leurs yeux sanglants sous sa douce caresse.
Le cheval aux crins noirs, l’étalon carnassier
Dont les pieds sont d’airain, dont les dents sont d’acier.