Page:Leconte de Lisle - Poëmes et Poésies, 1855.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146

Quand de l’œuf primitif j’eus fait sortir les germes,
Battre la mer houleuse et monter les caps fermes,
Gronder les ours, hurler les loups, bondir les cerfs,
Et verdir les bouleaux sur le sein des déserts ;
J’ai vu que mieux valaient le vide et le silence.
Quand j’eus conçu l’enfant de ma toute-puissance,
L’homme, le roi du monde et le sang de ma chair,
Son crâne fut de plomb et son cœur fut de fer.
J’en jure les Runas, ma couronne et mon glaive,
J’ai mal songé le monde et l’homme dans mon rêve !


La porte aux ais de fer, aux trois barres d’airain,
Sur ses gonds ébranlés roule et s’ouvre soudain ;
Une femme, un enfant, dans la salle sonore
Entrent, enveloppés d’une vapeur d’aurore.