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Subissez-la, muets, comme il sied aux cœurs forts ;
Car il faut expier la gloire avec la vie,
Avant de s’endormir auprès des aïeux morts.


LES CHASSEURS.



Qu’ils meurent, s’il le faut ! Dans les steppes natales
En chasserons-nous moins le cerf au bond léger ?
Vienne le jour marqué par les Runas fatales,
La querelle des dieux est pour nous sans danger.
Pourvu que l’ours rusé se prenne à nos embûches ;
Que l’arc ne rompe pas, et qu’un chaud hydromel
Au prompt soleil du nord fermente dans les cruches,
Frères, la vie est bonne à vivre sous le ciel !
Vivons ! ouvrons nos cœurs aux ivresses nouvelles ;
Chasser et boire en paix, voilà l’unique bien.