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Un arome léger d’herbe et de fleurs montait ;
Un murmure infini dans l’air subtil flottait :
Chœur des Esprits cachés, âmes de toutes choses,
Qui font chanter la source et s’entr’ouvrir les roses ;
Dieux jeunes, bienveillants, rois d’un monde enchanté
Où s’unissent d’amour la force et la beauté.


La brume bleue errait aux pentes des ravines,
Et de leurs becs pourprés lissant leurs ailes fines,
Les blonds sénégalis, dans les gérofliers,
D’une eau pure trempés, s’éveillaient par milliers.
La mer était sereine, et sur la houle claire
L’aube vive dardait sa flèche de lumière ;
La montagne nageait dans l’air éblouissant
Avec ses verts coteaux de maïs mûrissant,