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et lettres intimes

Quand, soudain, emporté par un élan vainqueur,
Je vis les cieux ouvrir leurs tentures de gaze,
Et mon esprit monta sur l’aile de l’extase...

— Comme un aigle bercé par le bleu ûrmament,
Je plongeais dans la nue ineffable et sereine,
Les astres saluaient ma course souveraine,

Et les doux Séraphins, dans leur étonnement,
À ma soudaine approche ouvrant leurs triples ailes,
M’inondaient en passant de blanches étincelles ;

Mais je levais un doigt, et les enfants de Dieu,
Précipitant en bas leurs profondes spirales,
Disparaissaient alors en des groupes de feu,...

Lors, je vis, au milieu de clartés aurorales,
Se balançant ainsi qu’une céleste fleur,
Un mirage isolé par l’espace enchanteur.

Deux rayons parfumés baignaient ses contours roses
Qui s’inclinaient, pareils à des feuilles de roses ;
Un souffle ravissant le berçait dans les cieux ;

Et l’ange oriental, le céleste poète,
Au doux nom d’Israfil, l’esprit mélodieux,
Sur ce nuage d’or posait sa belle tête.


La suite au prochain numéro.



C. Leconte de l’Isle.