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premières poésies

la moitié des exemplaires au libraire qui se chargerait de l’impression ? Je vous avoue, mon cher Ami, que je ne suis pas exempt d’une certaine inquiétude sur tout ceci. Répondez-moi en détail sur la marche à suivre. Au reste, je me fie aveuglément à vous.

Je vous envoie, entre autres, une de celles de mes pièces que j’ai retouchées. Dites-m’en votre avis. La voici :



MENS BLANDA IN CORPORE BLANDO


Parmi ces jeunes fronts pleins de fraîches pensées,
Parmi ces purs regards, rayons mystérieux,
Dont s’enivrent toujours nos âmes oppressées,
Comme l’oiseau chanteur au doux réveil des cieux ;

Parmi ces pas charmants, qui ne touchent la terre
Qu’indécis et craintifs ; entre toutes ces voix
Que la candeur remplit, que nulle ombre n’altère,
Où murmurent la grâce et l’amour à la fois ;

Parmi ces blancs esprits des humaines vallées,
Dont la céleste image est gravée en nos cœurs,
Et qui passent au loin, illusions ailées,
Ainsi qu’un frais parfum offert à nos douleurs,