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et lettres intimes

Et dont le large dôme, inondé par la flamme,
Dans son ardent milieu voit rayonner ton âme,
Car le ravissement, d’un élan spacieux,
Entr’ouvre l’ombre humaine et révèle les cieux,
Quand l’esprit s’est plongé dans tes rêves splendides,
Indiana, Geneviève, ô mes anges candides,
Senteurs qui vous bercez dans l’ombre, et qui pleurez,
Toutes deux, miel divin pour les cœurs altérés,
Geneviève, Indiana, fleurs charmantes et frêles,
D’un Séraphin pensif formiez-vous les deux ailes,
Avant que dans son cœur le poète immortel.
Ne reçut vos parfums qui lui venaient du ciel.

Et toi, sublime esprit, éclair de son génie,
Mélange de beauté, de force et d’ironie,
Cœur éteint et brûlant, abîme, être inouï,
Dont le regard d’amour ou d’audace éblouit...
Création étrange, âme vierge et blasée,
Lelia, quelle es-tu, délirante pensée ?
Et toi, mystique Hélène, ô lyre que le vent
Fait vibrer dans les cieux comme un parfum vivant,
Hélène, réponds-nous, doux et profond mystère,..
Harmonieuse voix, es-tu bien de la terre ?

Ô Poète, pardonne à mon cœur enivré
De s’égarer ainsi dans ton rêve sacré ;
Pardonne, car de soi l’on n’a plus la mémoire,
Quand les faibles regards s’éblouissent de gloire ;