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REVUE DRAMATIQUE



vaudeville. Les Fleurs animées. — gymnase. Les Quatre Reines. —
palais-royal. Mon Voisin d’omnibus


Les analogies des femmes et des fleurs sont en partie à faire. Ce sera quelque jour, je l’espère, la tâche très spirituelle d’une habile et docte plume, bien connue des lecteurs de ce feuilleton. Je ne m’aventurerai certes pas dans cette étude délicate. Deux raisons excellentes m’y déterminent : d’une part, mon inexpérience scientifique ; de l’autre, mon religieux respect des fonctions acquises. Que d’obstacles ne découvré-je pas, en effet, dans les sentiers encore inexplorés où croissent ces belles analogies ! Que de fleurs je foulerais d’un pied distrait ! que d’épines me piqueraient les doigts ! Qui sait si le madrigal et la fadeur, fort à craindre en pareille matière, ne se glisseraient pas subrepticement au bout de ma plume, à défaut de grâce, d’esprit et de justesse ? Cette alternative me fait frémir. N’ayons donc point de fausse honte ; il est sage de renoncer aux entreprises illustres qu’on ne peut mener à bonne fin. MM. Labie, Commerson et Xavier de Montépin ont mis en scène la rose, le lilas, le coquelicot, la belle de nuit et la pensée. À la bonne heure ! Mais j’ignore complètement ce que nous veulent toutes ces fleurs. Il est vrai de dire que le héros de la pièce est fou, à moins qu’il ne soit d’un infini plus intelligent que le commun des hommes. La jeune fille qu’il aime l’a trahi, et le jour même de son mariage, elle lui jette pour tout adieu un bouquet par sa fenêtre. Depuis