Page:Leconte de Lisle - Revue dramatique, paru dans La Démocratie pacifique, 20-21 juillet 1846.djvu/7

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L’amoureux exilé ne trouve rien de mieux à faire que de passer pour le commis de maître Boniface. La comtesse Aloïse, effrayée d’une indiscrétion de ce dernier, insinue adroitement à chacune des jeunes reines que le garçon drapier est tout bonnement le roi de France, — le roi de Navarre, — et le roi d’Espagne. Les naïves têtes couronnées s’y laissent prendre complaisamment, et M. de Castelnau, tout ébahi d’un bout de la pièce à l’autre, accepte, en témoignage d’amour conjugal, le bracelet de Marie Stuart, les tablettes de Marguerite et l’anneau d’Élisabeth. Mais, hélas ! il avait compté sans M. de Pongibaud ! Celui-ci le fait arrêter ; les trois reines le font évader ; l’amour le fait revenir ; Catherine veut le faire mettre à la Bastille ; un duel bienheureux le fait pardonner, ses protectrices le font se marier, et le tout se fait siffler ! Ô Gymnase, des rires immodérés ont troublé ton enceinte. C’est en vain que Mlle Melcy a levé vers le ciel les beaux yeux de Marguerite de Navarre ; vainement Mlle Désirée nous a-t-elle montré son minois spirituel ; si n’étaient, de temps à autre, la grâce, la finesse et la distinction de Mlle Rose Chéri, — les allures joyeuses et l’excellent naturel d’Achard, — nous dirions, ô Gymnase, que ton étoile pâlit, et que la scène illustrée par le grand Scribe va disparaître de la face du boulevart Bonne-Nouvelle !