Page:Leconte de Lisle - Revue dramatique, paru dans La Démocratie pacifique, 20-21 juillet 1846.djvu/9

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avec de la bonne volonté, et les fournisseurs accoutumés du Palais-Royal prouvent chaque jour qu’ils n’en manquent pas de ce côté, — cela fait, prenez Grassot, surmontez son épaule droite d’une énorme bosse ; faites en sorte qu’il la montre souvent au public, et tout est dit. Le succès est enlevé. Avec deux bosses c’eût été beaucoup mieux ; et si Grassot s’en était appliqué une troisième sur la poitrine, le public aurait brisé les banquettes d’enthousiasme. L’autre soir il a bâillé seulement. Que ceci serve de leçon à MM. Gustave Albitte et Louis Dugard. Il ne faut pas abuser des moyens de réussite, mais il est sage d’en profiter.

Charles de Varennes à très fort abusé des dettes et des lorettes ; c’est pourquoi il se marie. Sa future est charmante, la dot est belle ; mais M. Godibert, de qui dépend son mariage, inébranlable en théorie, est en réalité plus mobile qu’une girouette et plus changeant que le cœur de la femme…

C’est peut-être un blasphème, et je le dis tout bas.

Il a déjà promis sa fille à M. Hector Grivelet, jeune commis-voyageur de la pure espèce ; celui-ci dévoile les antécédents de Charles de Varennes : maîtresses, lettres de change et le reste. Le bonhomme veut et ne veut plus, et je ne sais comment cela finirait, s’il n’y avait au monde un certain Clérissau, providence damnée du jeune prodigue. Ce Méphistophélès bossu et bienveillant paie ses dettes, détourne les soupçons les mieux fondés, obscurcit les questions les plus claires, embrouille les situations les plus nettement définies. Que le lecteur sache bien qu’il n’y a rien de tout ceci dans la pièce comblée par la bosse de Grassot.