Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/137

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C’est le sourd tremblement de la cloche du prêche,
Dont le glas villageois tinte autour de la crêche :
C’est l’agreste angélus, qui, du haut de la tour,
Semble dans les déserts sonner la mort du jour.

Morts aussi, mon enfance, et ses belles journées,
Les songes, qui brodaient mes fraîches matinées,
(Arc-en-ciel d’un moment, dont le9 couleurs, hélas !
S’éparpillent en pluie, et laissent, sur nos pas,
Leurs rubans de vapeurs se fondre goutte à goutte ),
Tous mes songes perdus, ramenés sur ma route,
Sur l’aile de ces sons flottent autour de moi ;
Tant que j’entends alors, je rêve que je voi.
Messager du passé, leur vol sombre, ou rapide,
Réveille en nous des ans le cours trouble ou limpide :
Tout ce qu’on a pensé jadis, en l’écoutant,
Dans ce bruyant miroir reparaît existant.
On dirait qu’un esprit, confident d’un autre âge,
Suspend notre mémoire au clocher du village :