Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/156

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Du haut de la colline, où le jour l’a conduit,
Le voyageur regarde, en attendant la nuit,
De son chemin d’en bas serpenter le sillage.
Vous, qui n’êtes ici qu’un ange de passage,
Gravissant, comme nous, la montagne des ans,
Quoique votre âge encor n’ait pas monté long-temps,
Voyez ce que vos pas ont parcouru d’espace.
Pour y semer des fleurs, en suivait-on la trace ?
Dussiez-vous alarmer mon curieux effroi,
Où marchiez-vous hier, quand vous marchiez sans moi ?
Lorsque le calme exempte ou délasse de vivre,
N’est-ce pas là l’instant, où l’âme, qu’il délivre,
Retrouve ces chemins, plus perdus qu’oubliés,
Que le temps à mesure efface sous nos piés ?
Reprenez, avec moi, vers votre jeune histoire,
Ces sentiers nuageux, où vague la mémoire :
Que, de vos premiers ans contemporain jaloux,
J’en repeuple les jours que j’ai passés sans vous !