Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/211

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Surpris par la torpeur d’une eau lourde et tranquille,
Dois-je aussi consommer ce naufrage immobile,
Et vers les temps futurs, par le ciel envoyé,
Dans les flots dû néant sombrer appareillé ?

Engourdi que je suis par le froid de l’absence,
J’ai, comme un sens vieilli, perdu cette puissance
Qui fait, sous les glaçons, rosoyer le printemps.
Si quelquefois encor, pour alléger le temps,
Je ramène au travail un reste d’habitude,
Mon front reprend bientôt sa stérile attitude.
Quand j’ai, pour les finir, parcouru ces essais,
Dont un soupir de toi fut le premier succès,
Que veux-tu ! mon esprit, prompt à changer de rêve,
De tes conseils féconds redemande la sève ;
J’invoque tes discours, pour exalter les miens,
Des mots qui soient si doux, qu’ils aient le son des tiens.
Banni de tes regards, mon soucieux délire
S’exerce à retrouver leur trace sur ma lyre :