Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/212

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J’appelle ta présence au secours de mes vers ;
J’épie, autour de moi, ton portrait dans les airs,
Sans pouvoir l’y saisir, j’en peuple leur silence,
Et mes crayons en deuil, que fuit ta ressemblance,
Laissant là l’univers qu’ils devaient esquisser,
Recomposent tes traits que je ne puis fixer.

Prisonnier sans espoir d’un songe qui m’élude,
N’abrégeras-tu pas ma vague servitude,
Ce supplice moqueur, qui délabre nos jours,
De renouer sans cesse un fil qui rompt toujours ?
Oh ! commande aux pinceaux de voler ton sourire,
D’envoyer à mes yeux ton regard qui m’inspire,
De calquer sur l’ivoir l’ombre de ta beauté !
Que je puisse, à genoux devant sa chasteté,
Lui parler, comme on parle à Dieu dans son image !
Il semble, quand on voit, qu’on aime davantage :
Pour prier plus long-temps, on a besoin de voir ;
Les yeux ont un aimant, qui fait venir l’espoir.