Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/242

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Un sage, s’élançant aux sources du tonnerre,
Attaqua de ces rois le trône imaginaire.
Il osa d’un pied mâle écraser leurs autels,
Et, malgré les clameurs de leurs geôliers mortels,
Secouer les remparts qui muraient la nature.
Virile maintenant, notre raison plus sûre
Doit forcer la prison, qu’il n’a fait qu’assiéger.
Quel autre qu’un poète oserait y songer ?
Lui seul peut, dans ses chants armés d’expériences,
Comme un bélier d’assaut, diriger les sciences ;
Osons donc aborder l’inconnu de plus pr£s.
Peut-être, en approchant, verrai-je ces secrets
Redoubler de leur nuit l’épaisseur obstinée :
N’importe ! ouvrons la route à la lyre étonnée,
Et des pleurs de l’amour affranchissant nos vers,
Au lieu de mes ennuis, déchiffrons l’univers.

Moi, vouloir ébranler cette énigme immobile !
Quelle audace de dieu dans une âme d’argile !