Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/300

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Quand tes pas d’un glacier visiteront les bords,
Tes yeux chercheront-ils sous la neige d’alors,
De mes pas d’autrefois la trace encor vivante ?
Des déserts du Grimsel l’orageuse épouvante,
Ces rebuts du chaos en désordre alignés,
Qui, par le Créateur six mille ans dédaignés,
Menacent d’usurper le ciel qui les foudroie,
Ces gçrges de la Reûss, où du flot, qui s’y broie,
La liquide agonie éclate et se débat,
Et les sapins d’Hasly, les coteaux d’Andermat,
Si le destin plus doux quelque jour t’y ramène,
Y verras-tu mon ombre à côté de la tienne ?
Oh ! tu peux, Maria, tu peux, si tu le veux,
M’oublier dans le monde où je fus malheureux,
Jamais où tu m’appris que l’air froid de la terre
N’est pas toujours mortel au cœur qu’il désaltère.
Qu’une larme de toi m’appelle, et j’entendrai :
Quelque chose de nous vit tant qu’on est pleuré.