Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/354

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Que ne suis-je un vieillard, que les ans ont voûté,
Un enfant, qui décroît, et dont l’œil sans clarté
Ne voit ni l’avenir, ni le temps dont il date,
Qui traîne, sans penser, une vie automate,
Ne sait pas, s’il l’a su, qu’il existe un destin,
Et qui s’endort le soir, sans douter du matin !
Que ne peut-on, traînant de si longues journées,
Par la tristesse au moins compenser les années !
La vieillesse peut seule, en dégradant nos corps,
Sous ses pavots de plomb assoupir nos transports.
Heureux qui, sans attendre ainsi sa délivrance,
Se fait vieux à vingt ans par son indifférence,
Et met son pied de fer sur le front de l’amour ;
On nous aime long-temps, quand on nous aime un jour.