Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/374

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Et sur des fils nouveaux transportant ses couleurs,
Du dessin rajeuni ressuscite les fleurs.
Mais nous, lorsque le temps embrume nos pensées,
Dégrade leurs contours, et de ses mains glacées
Efface dans nos cœurs ces tableaux palpitans,
Ces songes embaumés qu’y grava le printemps,
Plus purs peut-être encor que l’air de ces prairies,
Dont la main du Poussin crayonna les féries,
Quel art peut raviver ces brillans arcs-en-ciel,
Et de nos jours dorés l’or superficiel ?
Aucun, hélas ! aucun ! Leur puissance est finie ;
On ne peut pas changer la toile de la vie ;
Tout s’éteint pour toujours sous nos astres fiévreux.
Las ! je fus peintre aussi, lorsque j’étais heureux :
J’égalais du Lorrain les plus frais paysages.
O nuit, qu’avez-vous fait de mes riches images !

Jeune, je croyais voir flotter, sans se ternir,
L’azur frais et soyeux d’un magique avenir.